Cet article* vise à promouvoir le professionnalisme, au moment où, mal compris peut-être, les dispositifs réglementaires et législatifs sur la formation professionnelle pourraient continuer de focaliser l’attention sur la seule accumulation de compétences.
Ces notions sont envisagées dans leur valeur socialement utilitaire, j’ai volontairement mis de côté la valeur pour soi de la compétence et du professionnalisme.
Avoir des compétences, c’est posséder un stock de ressources disponibles. Disposer de ce stock est important, mais largement insuffisant s’il n’est pas mobilisé. Par ailleurs, la compétence étant longue à acquérir et altérable, le coût de l’acquisition et du maintien de ce stock peut être élevé. Les sponsors (Etat, collectivités, établissements publics, entreprises, etc.) attendent une mise en œuvre plus ou moins rapide des compétences dont elles financent l’acquisition, le maintien ou la transformation.
Il s’agit donc d’être compétent, plus que d’avoir des compétences. Être compétent, c’est notamment savoir atteindre, en situation, un type de résultat prévisible, et gérer les aléas rencontrés. C’est donc un processus.
J’ai parlé plus haut de mobiliser ses compétences pour réaliser ce processus, mais la mobilisation ne fait pas à elle seule le professionnalisme nécessaire à la performance.
En fait, le professionnalisme ce serait :
• être capable d’activer des compétences (théoriques, procédurales et relationnelles, par exemple) ; • savoir combiner ses compétences pour atteindre en situation un type de résultat prévisible ; • vouloir les combiner pour les transférer aux nouvelles situations rencontrées ; • savoir mobiliser des ressources externes (comme des ressources matérielles ou les compétences des autres) ;
• savoir utiliser un guidage opératoire dans l’action professionnelle, par l’émotionnel, le cognitif, les règles professionnelles et l’éthique.
Dans les relations interpersonnelles au travail, un professionnel performant possède les savoirs et capacités ci-dessus. Il est capable de les mobiliser, de les entretenir et de les enrichir.
Pour concourir au développement de ces compétences, il est d’abord nécessaire d’identifier en situation quelles combinaisons de ressources internes et externes permettent de réussir, puis de les modéliser, tout comme les guidages opératoires utilisés par les professionnels avertis.
Il s’agit ensuite pour transformer ces modèles en contenu formatif, de repérer les situations professionnelles favorables au professionnalisme recherché, ainsi que les conditions de coopération nécessaires au développement de la compétence collective.
Le dispositif de formation devra enfin alterner les moments d’acquisition de compétences, ceux de mobilisation des ressources, et les moments de réflexion sur cette mobilisation.
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LUCID conseil & formation est spécialisé dans l’acquisition et le développement du professionnalisme en management, en négociation, pour le travail en équipe et les compétences relationnelles collectives.
* Cet article est librement inspiré d’une conférence récente de Guy LE BOTERF. Je vous renvoie à ces deux derniers ouvrages, « construire les compétences collectives », et « développer et mettre en œuvre la compétence », tous deux parus en 2018, aux Editions Eyrolles.