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  • Photo du rédacteurJacques Abécassis

Atelier de l’Agilité relationnelle du 17/09/2015 « l’affirmation de soi »


C’est le thème de l’affirmation de soi que les participants de l’atelier ont souhaité traiter cette fois. Pour réussir et s’épanouir, savoir négocier, pouvoir prévenir et gérer un conflit ou être capable de convaincre, sont bien sûr des atouts très utiles.


Pour nous concentrer sur les exercices pratiques et le « savoir quoi faire quand » (la marque de fabrique de LUCID conseil et formation) nous avons pris quelques chemins de traverse dans nos explications théoriques :


En abordant succinctement d’abord ce qui fait naître notre désir de nous affirmer. Nous voulons être respecté et réussir, et pour cela s’affirmer est réputé être un bon moyen. Cependant, tapi au fond de ces motivations, notre besoin d’un environnement « suffisamment bon »[1], et celui de nous sentir dans un rapport acceptable avec notre anxiété existentielle[2] font valoir leurs exigences.


Notre inéluctable et légitime besoin de reconnaissance.


Inéluctable et légitime, nous aurions donc raison de considérer comme un service mutuel minimum d’échanger entre êtres humains des quantités importantes et des qualités variées de reconnaissance. D’ailleurs, quand nos besoins dans ce domaine ne sont pas satisfaits, nos systèmes nerveux cherchent des substituts de reconnaissance, en général toxiques dès le court terme pour nous-mêmes et pour les autres. Le plus embêtant étant que, par répétition de cette quête de produits de remplacements, nous risquons d’apprendre à ne rechercher qu’eux. S’affirmer est le moyen de satisfaire cette quête, saine ou malsaine.


Concrètement, nous avons vu que s’affirmer s’apprend en pratiquant. Si cela nous est un peu difficile, il n’y a pas d’autre chemin que faire et répéter, adroitement ou maladroitement. La maladresse nous indique les réglages successifs qu’il nous faut opérer pour parvenir à l’affirmation de nous-mêmes qui nous convient.


L’un d’entre nous a proposé un cas pratique : comment nous affirmer quand un interlocuteur nous demande notre avis, et que nous avons peur de le blesser, en avouant ce que nous pensons vraiment ?


Comme nous l’avons expliqué, il est plus facile de recevoir une critique lorsqu’elle est équilibrée par des compliments arrivés plus tôt dans l’histoire de la relation. La relation de confiance permet de supporter les critiques éventuelles.


Ensuite, croire que l’autre va être blessé peut paraître bienveillant, mais c’est penser que nous savons à la place des autres ce qui est bon ou mauvais pour eux. Ce n’est pas si bienveillant au fond. Une autre croyance répandue : nous pouvons faire sentir quelque chose à quelqu’un qui ne serait pas d’accord.


Nous pouvons faire des hypothèses, mais nous n’en savons rien. Il est même dévalorisant pour l’autre de penser que nous savons mieux que lui et à sa place. Ça ne veut pas dire que nous devons faire n’importe quoi. Entre la sauvagerie et l’indifférence égoïstes, il y a toute une palette de comportements, du temps et de l’espace que nous pouvons utiliser pour vérifier nos hypothèses. En effet, vérifier produit des changements plutôt agréables pour tout le monde, après les quelques frayeurs du début (peu à peu nous acceptons que le sens prime sur le confort). Cela permet de s’affirmer sans froideur émotionnelle, d’être sincère en tenant compte des enjeux.


Comment vérifier ?


Comment vérifier ? En posant des questions directes (« je ne voudrais pas te blesser, puis-je vraiment te dire ce que je pense ? Que ce soit agréable ou désagréable ? »), ou en testant par des voies plus diplomatiques (« je veux bien te donner mon avis mais je crains de te blesser… », « je ne sais pas pourquoi mais j’ai souvent du mal à dire ce que je pense aux gens parce que j’ai peur de les blesser… »).


Ça peut paraître manipulatoire, mais souhaiter être traité correctement n’est-ce pas demander à être manipulé « correctement » ? Il y a des comportements, des pensées et des sentiments qui nous conviennent mieux que d’autres. A ce propos, les participants ont expérimenté comment un modeste changement sur un de ces trois pôles générait un changement dans les deux autres. Moduler sa voix par exemple. Modifier celle qu’on utilise pour se parler ou pour parler aux autres modifie nos pensées et nos émotions. C’est amusant à expérimenter, et ça peut être bien utile pour s’affirmer. Nous y reviendrons aussi dans un autre atelier.


Nous avons parlé d’empathie, et j’ai expliqué que c’était une conséquence et non une cause. Avoir en nous quelque chose de tellement solide que cela nous permette l’empathie, n’a rien à voir avec l’affectation compassionnelle utilisée pour « être gentil » quand cette assurance intérieure n’est pas acquise. Dans ce cas, nous avons vu que nous avons tendance à chercher du « comme nous », du « même », pour nous rassurer. Il est vrai qu’il paraît moins risqué de s’affirmer avec quelqu’un qui est déjà d’accord avec nous !


L’atelier tirait à sa fin lorsque nous avons discuté de la possibilité de s’affirmer dans des environnements à fort enjeu pour nous, notamment au travail avec des gens qui ont une capacité de nuisance importante. Nous avons vu que dévoiler délicatement la relation de pouvoir pouvait être très utile : « C’est marrant quand je travaille ici j’ai toujours l’impression qu’on veut me tyranniser, tu ne trouves pas ça bizarre », « tu vas me trouver bizarre, mais je me fais penser à une esclave quand je travaille autant ». Ça a souvent un effet désarmant sur ceux qui souhaiteraient continuer d’utiliser le rapport de force pour gérer la relation, nous y reviendrons…


Cette soirée fut dense, nous avions tellement de choses nous dire que nous avons terminé plus tard que prévu, une excellente occasion de nous affirmer au lieu de nous sentir coupables !

Jacques Abécassis, le 20 septembre 2015

 

[1] La mère suffisamment bonne, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2006

La Famille suffisamment bonne, Payot, 2010

[2] L’anxiété existentielle est une appréhension universelle tout à fait normale, et utile même, tant que –précisément- nous pouvons entretenir avec elle un rapport acceptable.

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