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  • Photo du rédacteurJacques Abécassis

Le monde est-il juste ?


Lorsque nous vivons une situation injuste, il est assez courant que notre première impulsion soit d’envisager que la punition du « méchant » rétablira la justice, et même si nous n’en avons pas conscience, nous soulagera d’une impression angoissante de perte d’identité. Hélas, quand nous obtenons gain de cause et après quelques instants de triomphe, la réparation n’est pas ressentie.


Le sentiment de justice n’existe pas, ce n’est pas un sentiment, on ne peut donc pas le ressentir. La justice est une construction sociale. Certaines personnes, elles sont nombreuses, le confondent avec une croyance selon laquelle le monde ne peut pas être désordonné, imprévisible ou aléatoire. Il doit être juste, avoir un sens nous préexistant, et ce qui nous arrive doit toujours être conforme à ce sens. Cela n’existe pas, et les êtres humains qui ont du mal avec la réalité ont complexifié la croyance pour maintenir l’illusion qu’ils connaissent le sens de la vie et que la vie doit s’y conformer. Ainsi, le malheur d’aujourd’hui doit entraîner la punition du fautif pour rétablir la justice et restaurer la victime dans sa dignité. Bien entendu, ce « sens obligatoire » est directement lié au ressenti, c’est mon ressenti qui dit si vous êtes gentil ou méchant, juste ou injuste.


L’injustice érode ces croyances et porte atteinte à notre identité, fragile quand nous n’avons pas pu prendre le temps de la fonder solidement. Notre frêle identité se trouve attaquée et nous avons comme réaction première la pulsion de détruire l’autre pour évacuer le malaise. Hélas, on ne peut se débarrasser que de ce dont on accepte d’abord la propriété.


Lorsque mon identité est remise violemment en question, mon ressenti dit que vous êtes méchant, il faut alors rééquilibrer les plateaux de la balance, par le glaive si nécessaire. Non pas pour protéger, mais pour punir. Non pas pour apprendre mais pour prendre, pour récupérer mon identité illusoire.


Il s’agit là d’une justice instillée dans la tête et le cœur des enfants par ignorance ou pour les manipuler : les gentils sont récompensés et les méchants punis.

L'allégorie de la Justice

Gandolfi

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